Il existe une diversité remarquable de dieux et déesses dans le Panthéon védique des Indiens, permettant à tout un chacun de pratiquer à sa guise et cheminer vers la béatitude. Ceci explique aussi la tolérance de vénérer différents dieux et déesses Hindous par les membres d’une même famille. Cet aspect rarement retrouvé dans d’autres religions (sauf peut-être dans le polythéisme grec) est familier en Inde. Vous pouvez saisir cette occasion pour demander aux Hindous autour de vous quel est leur dieu ou déesse préféré. Vous aurez des réponses diverses et variées, ponctuées de Ganesh, Shiva, Hanuman, Durga, Lakshmi entre autres. Si vous demandez ensuite quel est le lien entre leurs dieux préférés et les autres dieux et déesses, la réponse quasi universelle est qu’évidemment tous les dieux et déesses Hindous sont issus du même principe divin, une énergie, in forme et sans nom, qu’il s’agisse d’aimer son Dieu Ishta Devta, ou sa Déesse Ishta Devi. L’Hindouisme concerne 82% de la population de l’Inde. Les 18% restants se partagent entre les Musulmans (12,12%), les Chrétiens (2,34%), les Sikhs (1,94%), les Bouddhistes (0,76%), les Jains (0,40%), les autres religions (0,39%), et les non déterminés (0,5%). Ces chiffres du recensement de 1991 se rapportaient à une population totale de 838 568 000 personnes. On peut penser que la distribution actuelle n’est pas très différente. Le recensement de 2001 a dénombré la population totale de 1 027 015 247 personnes. Le mot Hindouisme n’est pas d’origine indienne mais, forgé par les européens, il dérive du terme Sindhu, c’est à dire la partie ouest de la péninsule indienne. L’Hindouisme du grand panthéon se nomme en Inde Sanathama Dharma, la Loi Eternelle et Naturelle, l’ordre naturel du monde. La notion de divinité n’est pas forcément incluse dans cette définition. La place et le rôle de l’homme dans le monde sont censés devoir se conformer à cet ordre naturel. Ainsi, chacun doit-il suivre son propre dharma (swadharma). S’écarter de cette ligne de conduite amène au désordre et au chaos social. Un autre concept gouverne la vie de tous les Hindous : c’est le karma. Ce terme dérive du sanskrit et signifie action. Dans le monde manifesté où nous vivons, toute action (cause) engendre une conséquence (effet). C’est une loi mécanique, sans notion de bien ou de mal. Mais au niveau humain, il est clair qu’une bonne action, c’est à dire conforme au dharma (l’ordre naturel du monde, de l’univers, est porteuse pour son karma Les aspects du dharma recouvrent tous les domaines : religieux, mais aussi sociaux, moraux, politiques, philosophiques.). Dans des temps très anciens, s’il n’est pas sûr que les hommes croyaient en la réincarnation, il est perçu que la pluralité des vies s’accordait parfaitement avec la justice distributive du karma. Chacun est comptable de ses actes. Seule sa responsabilité est en cause. Par exemple, une maladie incurable n’est pas le fait du hasard, de la malchance ou d’une responsabilité externe, mais la conséquence d’un karma passé. La mythologie Indienne remonte à plus de 7200 ans av. J.-C. lorsque les premiers cantiques et hymnes furent écrits par les Aryas pour adorer les divinités représentant les forces naturelles. La manière dont les représentations divines ont évolué est difficile à retracer. Dans les textes sacrés de l’Hindouisme apparaît déjà le concept abstrait d’un Dieu Suprême, impersonnel, désigné sous le nom de Brahman. Mais le Dieu des Sages et des méditants n’est pas celui de l’homme ordinaire. Celui-ci a besoin de divinités plus proches, auxquelles il peut adresser ses prières et présenter ses offrandes.
De nos jours, on a coutume de dire que l’Hindouisme comporte trois Devas, (Dieux principaux) de la Trimurti : Brahmâ, Vishnu et Shiva. Les ennemis des Deva sont les Anti-dieux ou Asura. Les dieux sont fréquemment montrés en compagnie d’un animal-véhicule (vâhana) spécifique qui les accompagne et/ou qu’ils chevauchent. Le vâhana est donc un animal symbole, monture du Dieu.
Brahmâ, le Créateur (à ne pas confondre avec Brahman)
Il est à l’origine de la naissance du monde. Pour diverses raisons, son culte s’est affaibli, on ne lui connaît que 2 temples en Inde. Brahmâ est considéré comme le Dieu Créateur ou, plus précisément, comme l’énergie de création qui permet au Monde de parvenir à l’état manifesté. Brahmâ est le Seigneur de tout ce qui vit. Tout être vivant procède de Lui.
Vishnu, le Conservateur (prononcer Vishnou)
Les émanations (avatar) de Vishnu prennent naissance dans le monde humain lorsque le dharma est gravement menacé. Il est surtout connu à travers les multiples mythes qui content les exploits de ses avatars. On dénombre neuf avatars majeurs, le 10ème restant à venir à la fin de notre cycle actuel, le Kali Yuga ou Age des conflits, marqué par la dégradation morale totale des hommes.
Shiva, le Destructeur ou régénérateur
Il qui procède aux transformations et aux changements nécessaires dans le monde. Il est le dieu vénéré par les Yogis car la discipline spirituelle suivie par ces chercheurs de Vérité vise leur transformation profonde. Les temples de Shiva sont multiples et l’on y adore le Lingam, symbole phallique représentatif de la capacité créatrice du Dieu : en effet, c’est de la destruction que procède la création.
Hormis les trois grands Dieux et leurs épouses, l’Hindouisme voue des cultes à de nombreuses autres divinités au premier rang desquels on citera :
Ganesh
Dieu à tête d’éléphant, Ganesh est le fils du dieu Shiva et de la déesse Pârvatî. C’est le dieu le plus familier, celui que l’on invoque avant toute entreprise. Il est le protecteur du foyer et le symbole de la chance en toutes choses. Il convient de le prier avant tout autre dieu.
Hanuman
Commandant en chef de l’armée des Singes, allié du roi Râma, dans sa lutte contre le roi Râvana. Modèle du parfait serviteur et dévot, Hanuman fait l’objet d’une grande dévotion en Inde. Il est fréquemment représenté dans les temples, en particulier au Tamil Nadu. Afin de prouver sa loyauté envers Rama, Hanuman s’est ouvert la poitrine, dévoilant la présence de Rama et Sita en son coeur.
Rama
Rama, avatar de Vishnu, est l’un des quatre fils de Dasharatha, roi de la cité d’Ayodhya, le fondateur de la dynastie solaire.
Krishna
Il est la huitième incarnation majeure de Vishnu. Krishna représente, pour les hindous, le modèle de l’amour divin sous une forme humaine ; il est pour cette raison, très vénéré. Son culte est centré sur la dévotion et l’amour illimité envers la divinité bienveillante.
Les temples sont les demeures des Dieux. Dans le sanctuaire intérieur le plus sacré a été installée, souvent depuis des siècles, une statue ou image divine (mûrti). Pour un Hindou, cette image est vivante et recèle la Conscience du Dieu qu’elle représente. Aller au temple ne fait pas partie des obligations religieuses mais tout Hindou s’y rend cependant régulièrement, certains chaque jour, pour obtenir le darshan de la divinité. On peut traduire darshan par "vision bénissante". Le fidèle est vu par la mûrti devant laquelle il se tient. Les offrandes et les prières renforcent la relation qui s’établit alors. Les prêtres, presque toujours de la caste des Brahmanes, assurent le service de la divinité tout au long de la journée. Tôt le matin, celle-ci est éveillée, lavée, ointe, habillée, nourrie. A divers moments de la journée sont accomplis des rituels (puja) comportant des offrandes diverses selon un cérémonial précis : nourriture, feu, encens. Le soir, la divinité est symboliquement couchée. Dans la journée, une partie de ces puja sont publiques et des fidèles y assistent. Certains temples sont particulièrement fameux car très sacrés et ils attirent d’énormes foules en pèlerinage. Les Indiens aiment citer le temple de Sri Venkateshvar (une forme de Vishnu) à Tirupati-Tirumalai (Andhra Pradesh) qui serait la deuxième puissance financière religieuse du monde après le Vatican. Des dizaines de millions de personnes s’y rendent chaque année. Les grands temples nourrissent quotidiennement des milliers de nécessiteux et créent diverses oeuvres caritatives : hôpitaux, écoles, etc.
Se rendre en pèlerinage (yatra) dans un lieu saint fait partie des projets de vie de tout Hindou, qu’il soit pauvre ou riche. L’inconfort, la difficulté physique qu’exigent certains pèlerinages sont considérés normaux pour que ceux-ci prennent toute leur signification : surpasser sa condition quotidienne en accomplissant un acte religieux. L’Inde est en permanence sillonnée par des millions de personnes qui se rendent à pied, en bus ou en train vers un site sacré. Dans l’univers Hindou, de nombreux lieux sont sacrés et en particulier les sept fleuves ou rivières principaux : le Gange (Gangâ), la Yamunâ, l’Indus, la Sarasvatî (rivière mythique souterraine), la Narmadâ, la Godavari et la Kaveri. La plus sacrée est le Gange, né de la chevelure du Dieu Shiva et, le long de son cours, Haridwar, Allahabad et Vârânasî (Bénarès) sont les trois principaux lieux de pèlerinage. Le confluent du Gange (Gangâ), de la Yamunâ et de la Sarasvatî à Allahabad, en un lieu nommé Prayag, est forcément le point central de pèlerinage. Les gens se rendent en pèlerinage vers ces rivières sacrées pour s’y immerger rituellement et s’y purifier, obtenir le darshan des saddhu (moines errants) présents qui viennent de tout le pays, ou encore y immerger les cendres d’un parent disparu ou accomplir un rite annuel (sraddhha) à sa mémoire. Tous les douze ans, et à tour de rôle, d’immenses pèlerinages, les Kumbh Mela, rassemblent des foules inimaginables.Les pèlerins affluent par millions sur les rives du Gange (à Haridwar) ou de la Yamuna (à Allahabad).Le prochain Kumbh Mela se tiendra en Janvier 2013.
Les pujas quotidiennes sont menées plusieurs fois par jour dans les temples en l’honneur des divinités. Généralement, les étrangers qui visitent un temple ont une impression de bruit et d’agitation, mais pas de recueillement. Les gens s’installent dans tous les coins, assis tranquillement au sol, ou vaquant à leurs occupations. Dès qu’une puja débute, annoncée par des clochettes ou des gongs, tout le monde se rassemble devant l’entrée du sanctuaire pour avoir le darshan (vision) de l’image divine (mûrti) honorée ici. La puja est une longue suite de présentations de la flamme des lampes devant la divinité, de mantra psalmodiés sur un rythme rapide, d’aspersions d’eau, d’eau de coco, de lait sur la forme divine, le tout accompagné de cloches, gongs ou autres instruments dont il semble que le but soit de faire le plus de bruit possible, pour éveiller la divinité et s’assurer de son regard bienveillant sur les gens rassemblés.
Selon la tradition, les statues et, d’une manière générale, les oeuvres d’art en Inde, ne sont pas crées dans un but artistique. Leur conception et leur sens sont profondément différents de ce que nous entendons de nos jours par art en Occident. Bien sûr, on recherche la beauté, mais le but de cette beauté va au-delà de l’esthétique, de l’art pour l’art. Cette beauté doit déclencher, chez celui qui la contemple, un état de méditation (dhyana). La méditation est ainsi fixée sur l’objet de méditation, sans que d’autres pensées perturbent le champ mental. Dans une méditation réussie sur un objet, l’esprit est comme absorbé par cet objet. Une statue hindoue (mais c’est aussi le cas des statues bouddhiques) représentant une divinité a pour fonction de permettre le dhyana du fidèle. Sur un plan moins "élevé", la statue ou disons, de manière plus générale, l’image divine (mûrti), est objet de vénération pour les fidèles qui viennent lui offrir des fleurs, des grains de riz, des poudres de couleur, des bâtonnets d’encens. Il faut et il suffit que le visiteur obtienne le darshan de la divinité pour qu’il se sente totalement satisfait de sa venue au temple. Par darshan, on entend l’échange de regard entre la divinité et le visiteur. Ce dernier offre son amour et sa vénération ; et il attend et espère que le dieu ou la déesse, en échange, lui accorde, par le seul regard, sa bénédiction et sa protection. La statue divine est véritablement considérée, tant par les prêtres desservants que par la foule des fidèles, comme un être qui, bien qu’immobile, est tout à fait présent et conscient, d’où son nom de mûrti qui veut dire forme. Le Dieu prend une forme présente pour son contact avec le monde d’ici-bas.
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